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Tchirozérine : un bled qui vaut le détour dans le nord Niger

©Photo : O. Bianou

 Depuis les premières années qui suivirent la découverte des indices d’uranium  dans le nord nigérien, tous les voyageurs qui, à l’époque, empruntaient ce qui était une piste Agadez -Arlit, ignoraient en passant qu’ils laissaient sur leur route un bled  plein  de vie : Tchirozérine. La ville d’Anou Ararène, chef lieu du département de Tchirozérine est très proche d’Agadez. Elle est située à 70 kilomètres par les pistes chamelières ou caravanières et se présente telle une île au creux d’un amoncellement de collines bleues ocre, roses qui semblent contrecarrer l’avancée inexorable du désert.

Le village est d’un contraste frappant avec la paysage qui l’entoure, alors que ce dernier est désertique. Certes, il y a longtemps, très longtemps, des millions d’années peut être l’endroit fut un monde lagunaire comme l’atteste aujourd’hui la présence et l’exploitation du charbon. Par taxi brousse ou par voiture particulière, hommes et bêtes voyagent comme dans une fable. Plus les kilomètres se réduisent, plus s’établit la sévérité du désert de pierre qui succède à la douceur du kori Anou Ararène qui a donné son nom à la ville où quelque part la vie nomade se déroule au gré du temps qui passe imperturbable.

Des sommets abruptes qui annoncent l’entrée dans ce havre de paix, on jouit d’une vue plongeante sur les maisons construites en briques artisanales, dont les parois de terre ocre méritent qu’on s’y attarde. Tchirozérine est une ville qui grandit vers l’ouest, plus à l’ouest comme si elle tient à gagner une course contre la montre, engagée pour rattraper le kori qui s’étire vers les horizons lointains qui reculent vers là où le désert commence et recommence.

Contrairement à certaines cités minières qui entendent le rester depuis leur création, Anou Ararène n’est pas une ville fermée. Ces dernières années, elle connait une profonde mutation et autant de variations. La cité des cadres, celle des ouvriers, le village tout comme les quartiers Dragage, Tchiro, Kampala, se confondent avec les pierres et les rochers environnants d’un même ton.

Les nouvelles habitations construites avec celle de la vieille ville qui, mine de rien, semblent relever un défi : suivre l’évolution d’un monde moderne qui tient à s’implanter durablement. Quiconque prend contact la première fois, avec ce ‘’bled’’ est tenté d’y revenir, surtout lorsqu’on prend l’habitude de flâner, pendant un moment, dans cette palmeraie luxuriante d’où s’échappent toute une multitude d’odeurs caractéristiques des espèces arbustives qui s’épanouissent. Un territoire d’ombre et de fraicheur. Quelques poètes peuvent, en ces endroits-là, trouver des sources d’inspiration.

Anou Ararène est paisible, attachante, et attrayante derrière cet écran de palmiers et de jardins. Tchiro est loin d’être une cité inhospitalière. Trop longtemps tombées en désuétude par manque d’eau, les jardins sont aujourd’hui redevenus florissants grâce au seuil d’infiltration réalisé  pour un montant de 15 millions de CFA par la Sonichar  au titre d’un  de ces appuis inestimables et salutaires. Outre  ces jardins, l’usine demeure incontestablement le plus grand centre d’activité mais aussi d’éducation  qui, sans faute,  scolarise l’enfant du minier, du paysan, de l’oasien, tout comme celui du fonctionnaire du quartier dragage ce pâté de maisons qui abritent les agents de l’administration locale.

Contournons un peu Tchiro, cap sur Tafadek à 20 kilomètres de là où l’on peut se prélasser dans les sources thermales pour un bain réparateur d’où l’eau  jaillit à 70°. Autre curiosité, Téféreyré, un bled perdu et séduisant, avec ses collines ocres, rouges, rouges vifs et par endroit d’un bleu azur, là se cachent des campements touaregs et des petites plaines où la beauté stupéfiante des jeunes filles explique cet attachement  que leur vouent certains visiteurs et résidants d’Anou Ararène et environs.

Revenons en ville pour dire qu’Anou Ararène et sa périphérie ne semblent pas exercer la fascination d’une promesse du désert total où l’homme se fond dans l’absolu. C’est plutôt le contraire. Certaines notabilités politiques considèrent l’endroit comme des jardins d’éden. Un clin d’œil sur le quartier Dragage ancienne base vie qui tient son nom de l’entreprise française  qui a réalisé les infrastructures de la Sonichar. Il n’est pas loin du poste de police.

La quasi-totalité des services de l’Etat y sont concentrés voir encastrés  comme dans un monastère abritant une secte respectable. Indifférents aux regards, des bambins s’amusent  dans cet espace hérissée d’antennes paraboliques. Un peu plus loin sur les hauteurs, se situent le camp de la gendarmerie (dont les murs portent encore des impacts qui témoignent d’une attaque perpétrée pendant la rébellion) et les locaux de la préfecture et la tribune officielle. Dans la cour, un drapeau qui ne dit pas son âge flotte au gré des vents qui le torpillent de toute part. Loin, plus loin la centrale thermique sécurisée par des éléments des FAN apparait comme un bateau qui s’approche des côtes.

Une fois dans les locaux de la Direction générale de la SONICHAR on oublie vite le quartier Dragage, les locaux de la préfecture et tout le reste. Bureaux propres, va et vient des cadres impeccablement habillés en tenue bleues, en Bazin ou à l’occidentale. Comme dans l’Empire du soleil levant (Japon) ouvriers et cadres observent une discipline et une courtoisie exquises. Laissons l’usine et cap vers le vieux noyau urbain. Mais avant d’en arriver là, un coup d’œil sur le restaurant ‘’Alkariya’’ où des maitres d’hôtel très motivés reçoivent et servent les hôtes en missions. Cuisine raffinée, confort garanti, on ressort requinqué pour revisiter encore la ville d’Anou Ararène : celle des cadres et des ouvriers. Dieu a béni la ville Tchirozérine, est-t-on tenté de dire. Tout le monde se côtoie dans les rues et les espaces publics. Sous d’autre cieux, comme à Arlit, la ‘’civilisation’’ a modifié le vécu de certains de nos compatriotes. Cette ‘’civilisation’’ n’a pas réussi à s’imposer à Anou Ararène. En quittant Alkariya, on longe les villas des hôtes et au premier tournant à gauche à quelques centaines de mètres se trouve le magasin comme on l’appelle qui offre différentes gammes de produits manufacturés : parfumerie, alimentation etc.

A la devanture de certaines villas, de groupes de jeunes surveillent attentivement le roucoulement de la théière sur le feu ou la paquette électrique. Un gros poste radio diffuse, de tous ses décibels, les dernières prestations de la troupe Albishir. Quelque part, non loin d’une des rares boutiques de la place, l’école Tchimakaten.

Devant les Fadas, l’on tente de rompre la monotonie quotidienne à travers des débats politiques. Mais en dépit de tout, la marque de solidarité est frappante à Anou Ararène. A l’hôpital, tout comme au magasin et au marché. En réalité, le marché d’Anou Ararène n’a de marché que le nom car toute la population s’approvisionne à Agadez. Légumes, fruits et même le pain provient d’Agadez. La nuit la vie se passe autrement. Sans ambiance. L’on ressent facilement cette sensation de recueillement  comme si on évolue dans une espèce de monastère abritant des prêtres soufis.

A certaines heures avancées de la luit autant suivre les chaines internationales de  télévision. Le bistrot de tout le monde n’est pas recommandable. Pour changer de l’air les cadres préfèrent se rendre à Agadez.

Avec ONEP (Abdoulaye Harouna, Agadez)

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