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Activité de récupération de la ferraille à Niamey capitale du Niger

« Il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens », dit la citation. En effet, dans un monde où la vie sinon la survie devient de plus en plus difficile, voire aléatoire, aucun travail honnête, rémunérateur, n’est à rebuter ou à repousser. 

Beaucoup de Nigériens ont compris cela. Ce qui explique la pratique, par certains concitoyens des travaux, considérés comme usants et répugnants comme le curage de caniveaux, le ramassage des certains objets de récupération sur les dépotoirs mais aussi la récupération de la vieille ferraille, dans les dépôts d’ordure, dans les ménages et autres lieux. C’est à cette dernière activité que s’adonnent de nos jours  beaucoup de jeunes comme moins jeunes. Ces  personnes contribuent également à débarrasser notre environnement (maisons, services, rues, poubelles) des métaux inutilisables, rouillés et encombrants. Même s’ils gagnent peu, ces ‘‘nettoyeurs’’, appelé ‘‘boutali ko sakou’’ ; ‘‘bouteilles ou sacs’’, contribuent, à leur manière, dans la lutte contre la pollution.

 

Poussant, à peine, sa brouette remplie de plusieurs types de débris de fer (jante, fer à repasser, moteur, disque d‘embrayage, essieu, fer à construction, boulon, barre de fer,….), Moussa Dan Koma, le corps envahi par la sueur s’offre une pause, sous un arbre, du quartier Kalley Amirou. « J’ai visité plusieurs quartiers de Niamey pour ramasser ou pour payer ces lourdes ferrailles que je vais transporter au Marché Katako », explique-t-il haletant. Il précise qu’il a dépensé au total 2.000 FCFA pour remplir sa brouette. Il compte en tirer au minimum 5.000 FCFA. «C’est dur ! Mais ça paye», reconnait Moussa Dan Koma. « Cela fait 10 ans que je fais ce travail. Au début nous n’étions qu’une dizaine à faire ce boulot, que certains considèrent comme de bas étage. En ce moment, dès que nous sortons, en un temps record nous remplissons nos brouettes, que nous venons vider à Katako pour ensuite repartir, à la recherche d’un autre stock. Il nous arrivait donc de faire trois à quatre voyages par jour. Et nous rentrons avec 10 à 15.000 FCFA à la maison», explique Dan Koma, âgé d’environ 45 ans. Mais aujourd’hui, selon lui, avec le nombre incalculable de personnes qui ont envahi la filière, il faut non seulement aller de plus en plus loin pour avoir ces vielles ferrailles mais en plus, on en trouve plus dans la rue ou sur les dépôts d’ordures ; il faut en acheter. « Ces déchets de ferrailles nous coûtent de plus en plus chers, si encore on les trouve. Tous ces tas de fer qui ne remplissent même pas ma brouette m’ont déjà coûté 6.300 FCFA, même si j’arrive à les revendre je n’aurais pas plus de 8.000 FCFA, alors que j’aurais eu près de 13.000 FCFA, avec la même cargaison, il y a encore quelques années », se plaint Aboubacar Maman, un marchand de ferraille rencontré au quartier Dan Gao.

Au Nigéria et ailleurs on donne une seconde vie aux ferrailles

Elhadj Mahamadou Sanoussi, un commerçant nigérian, travaille au  dépôt de ferraille du quartier Dan Gao. « Je viens de Kano,  chaque trimestre je viens à Niamey pour acheter ces vieilles ferrailles, destinées à être  recyclées au niveau de mon pays », témoigne-t-il. M. Sanoussi explique qu’il paye le kilo de ferraille, entre 300, 500 voire 700 FCFA, en fonction de la qualité et de l’ancienneté de la marchandise. «Les vieilles carcasses coûtent moins chèr que les plus récentes, qu’on remarque à travers leurs poids et leurs aspects », indiquent-ils. Sans dire le montant exact du tonnage et du montant, le commerçant dit convoyer, de Niamey à Birni Kebbi (Nigeria), à chaque voyage trimestriel, deux à trois camions (TLM), remplies de ferrailles et qui lui procurent 1 à 2 millions FCFA de bénéfices. Selon lui, ces métaux de récupération sont recyclés pour servir à fabriquer des pièces de rechange des voitures, de motos, de vélos, des ustensiles de cuisine, de matériels de construction, etc. qui sont parfois revendues ici au Niger et ailleurs. En bon connaisseur de la filière, Elhadj Mahamadou Sanoussi, indique qu’au-delà du Nigéria, ces ferrailles et d’autres objets de récupération (électronique, plastiques, matériaux ménagers usés…) vont jusqu’en Chine et en Inde pour y être recyclés et pour avoir une seconde vie. Cette importante demande fait qu’aujourd’hui, tout y passe : pièces de voitures, vieux réfrigérateurs, machines à laver, barre de fer, etc. Pour  paraphraser le célèbre chimiste Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794): « Rien ne se perd, rien ne se crée, tous se transforme ».

 

La récupération de la ferraille, une pratique qui profite aussi au «savoir-faire» traditionnel

La nouvelle tendance à l’utilisation, de plus en plus fréquente des ustensiles de cuisines, des matériels de cultures, de coiffures traditionnelles et autres usages du quotidien, fait que cette ferraille de récupération intéresse du monde et lui augmente de la valeur aux yeux des ferblantiers (qui fabrique ou qui vend des outils ou ustensiles en fer-blanc, souvent ménagers et de jardinage, en acier galvanisé, tels que les casseroles, bassines, assiettes, etc ; des forgerons qui ont pour matières premières: les ferrailles et épaves de voitures de tous genres souvent encombrants ainsi que des fondeurs qui, quant à eux, se préoccupent des matières en aluminium pour produire des marmites présentes dans presque tous les ménages dans notre pays. Cette ferraille permet aux ménages, aux bouchers, aux cultivateurs, aux transformateurs de métaux d’avoir des outils de travail disponibles et à moindre coût. Ce qui, à long ou moyen terme aura un impact positif certain sur l’économie familiale et même nationale. Ceci est encore plus visible lors des fêtes et autres activités comme celle de Tabaski, que vient d’être célébrée. La gestion du secteur de la ferraille est prise en charge principalement par le secteur informel. Or, rester dans l’informel n’est pas une solution lorsque l’on sait que ce secteur a de beaux jours devant lui. Devant ce constat, il y a nécessité d’accompagner ce secteur de la ferraille, qui a changé de visage depuis quelques années, avec pour objectif de garantir un avenir meilleur aux récupérateurs et une continuité dans l’entreprise de recyclage des déchets métalliques, mais aussi et surtout de la protection de notre environnement. Outre des séances de sensibilisation, des appuis conseils, sous forme de cycles de formation ou d’animation à l’endroit de tous les acteurs de la ferraille, sont aujourd’hui indispensables. Sans cela, les pratiques pour avoir accès à ces ferrailles, aussi vieilles, aussi usées soient-elles deviennent de plus en plus sans limite et même inciviques. En effet, d’aucuns vont même jusqu’à subtiliser les bouches d’égout sans en mesurer les conséquences sur le réseau d’assainissement des eaux usées et pluviales. Notons qu’en 2018, un rapport de la Banque Mondiale estimait que l’Afrique devrait produire trois fois plus de déchets à l’horizon 2050. « L’Afrique subsaharienne a généré 174 millions de tonnes de déchets en 2016, avec un taux de 0,46 kilogramme par habitant et par jour », précise le rapport. Toujours selon ce rapport de la Banque Mondiale, en Afrique sub-saharienne, 69% des déchets sont déversés à ciel ouvert et souvent brûlés. 24% des déchets sont éliminés sous une forme quelconque et environ 7% d’entre eux sont recyclés ou récupérés. Par exemple, à Niamey, capitale du Niger, des déchets sont laissés dehors ou jetés dans des égouts par les habitants, faute d’un ramassage et d’une gestion régulière, entraînant une pollution des sols, des blocages des caniveaux, qui entraînent des inondations et des maladies pour les habitants contraints de vivre proche de ces quartiers. Une bonne gestion des déchets est donc indispensable pour endiguer les problèmes sanitaires.

ONEP (Mahamadou Diallo)

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