Point de presse du bureau du procureur de la République suite aux manifestations interdites de la société civile
Le Bureau du Procureur de la République a animé hier en fin d’après-midi, un point de presse pour donner sa version des faits sur les arrestations opérées à la suite des manifestations interdites du 25 mars dernier, organisées par une coalition de la société civile. C’est M. Maman Sayabou Issa, procureur de la République adjoint qui a animé ce point de presse, qui vise aussi à rétablir les faits relativement aux poursuites engagées contre les personnes arrêtées.
Pour rappel, le procureur de la République adjoint a précisé que les manifestations programmées le 25 mars dernier dans plusieurs villes du pays dont Niamey ont été interdites par les autorités administratives. « Toutefois, dans certaines villes comme Tahaoua, Maradi et Zinder, les organisateurs ont saisi la justice qui, a levé l’interdiction », a indiqué le procureur de la République adjoint. Ce qui a permis à la société civile de tenir sa marche sans aucun problème, mais dans la journée. A Niamey, la situation est toute autre selon M. Maman Sayabou Issa. En effet, a-t-il expliqué, non seulement la manifestation a été interdite, mais aussi, elle devait se tenir de 16 à minuit. En outre « contrairement à l’intérieur du pays, ici les organisateurs ont choisi qu’il n’y a pas lieu pour eux de saisir la justice. Ils ont décidé de marcher malgré l’interdiction », a rappelé le procureur adjoint.
Des messages demandant aux citoyens de braver cette interdiction, ont selon le procureur adjoint été lancés. « Certains demandant aux manifestants de se servir de lance pierre, d’autres rassurant que la Police ne pourra pas assurer un contrôle nocturne », a-t-il précisé. C’est dans ces conditions que la manifestation a eu lieu. La suite est connue. Des pneus brulés sur les voies publiques, des biens dégradés, des violences et voies de fait exercés, bref « une panoplie d’infractions dont la responsabilité est imputable aux acteurs mais également à tous les organisateurs et instigateur de la manifestation, en vertu des dispositions de la loi 2004-45 du 08 juin 2004 réglementant les manifestations sur les voies publiques dans notre pays », a expliqué M. Maman Sayabou Issa.
Le procureur de la République adjoint d’indiquer que 23 personnes ont été déférées au parquet et poursuivies. Sur ces 23 personnes, 22 ont été inculpées et placées en détention pour diverses infractions notamment l’organisation d’une manifestation interdite ; la participation à un attroupement armé ; la provocation directe à un attroupement par discours suivi d’effet ; la dégradation de bien publics et des voies de faits et enfin violences et voies de fait. « Ces infractions sont prévues et punies par les articles 98, 222 al2, 389 du code pénal, 07 et 10 de la loi sur les manifestations précitées, de peines allant de 2 mois à 10 ans », a rappelé le procureur adjoint.
M. Maman Sayabou Issa est par ailleurs revenu sur les raisons de la saisine d’un juge d’instruction et l’ouverture d’information. « Cette option s’imposait dès lors que plusieurs personnes impliquées n’ont pas encore été appréhendées et aussi du fait qu’à ce jour une évaluation exhaustive des dégâts n’est pas encore disponible », a déclaré le procureur de la République adjoint. M. Maman Sayabou Issa a par ailleurs balayé d’un revers de la main les accusations d’instruction à charge portées contre le parquet. «Il s’agit d’une première comparution. C’est un premier acte d’instruction au cours duquel le juge vérifie l’identité de la personne mise en cause et lui notifie les faits qui lui sont reprochés. La personne est libre de ne faire aucune déclaration et au cas où elle en fait le juge se limitera à recueillir ces déclarations. Nous ne sommes pas encore dans le fond de l’affaire», a-t-il conclu, tout en assurant que la justice est là pour dire le droit et appliquer la loi.
Avec ONEP (Siradji Sanda)