Niger : le journaliste Baba Alpha expulsé vers le Mali après sa sortie de prison
Baba Alfa, journaliste critique envers le pouvoir, accusé d’usurpation de la nationalité nigérienne et emprisonné depuis un an, a été expulsé mardi vers le Mali dès sa sortie de prison, mardi.
« Baba Alfa (a été) expulsé du Niger et interdit de tout séjour (dans le pays) après sa libération ce 3 avril sur décision du ministère de l’Intérieur », indique un texte qui défile en boucle sur l’écran de la télévision Bonféreye, chaîne privée nigérienne par laquelle travaillait le journaliste de 34 ans. Il a « été déposé à 15h07 à Labezanga, la première ville malienne sur la frontière entre les deux pays « par des éléments de la police » nigérienne, a précisé la télévision.
Cette expulsion a été confirmée par une source officielle. Baba Alfa et son père, âgé de 70 ans, sont sortis mardi de la prison de civile de Niamey, où ils étaient écroués depuis le 3 avril 2017, pour « usage de faux » en lien avec la nationalité du journaliste, accusé par les autorités d’usurpation de nationalité nigérienne. Le père de Baba Alfa n’a pas été expulsé.
« Monsieur Alpha Mahamane Baba, né le 10 janvier 1984 à Niamey, de nationalité malienne, journaliste, est définitivement expulsé du Niger avec interdiction de séjour, pour raison de sécurité intérieure de l’État », précise le document d’expulsion que Jeune Afrique a pu consulter.
« Faute de nature privée »
Baba Alpha était « très critique à l’égard du régime » nigérien, selon l’un de ses avocats, Boubacar Mossi. La peine de deux ans de prison ferme prononcée mi-juillet 2017 en première instance a été transformée le 12 mars dernier en appel « à deux ans, dont un avec sursis ». Baba Alfa avait été également condamné « à dix ans de privation de tout droit civique et politique » et « l’interdiction de tout emploi public ».
Selon son avocat Oumarou Hassane, le journaliste doit recouvrer ses droits civiques, car la cour d’appel a « annulé le jugement » de première instance et « ne s’est pas prononcée sur la dégradation civique ». Ses documents d’identité jugés frauduleux seront toutefois confisqués et détruits, a affirmé une source proche du dossier.
« Baba Alfa est né et a grandi au Niger, il n’a d’autre nationalité que la nationalité nigérienne », avait plaidé Me Boubacar Mossi après l’arrestation du journaliste. « Apparemment, à défaut de lui trouver une faute dans le cadre de l’exercice de sa profession, (on) est allé trouver une faute de nature privée », avait dénoncé Me Mossi. Président de l’association de la Maison de la presse du Niger, il avait, en juin 2016, appelé au boycott de la cérémonie de rupture du jeûne avec le président de la République.
Avec Jeune Afrique