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Malbaza : nous souhaitons un renforcement de la sécurité sur notre frontière avec le Nigéria disait le préfet Marafa Tankari

La ville de Malbaza (Région de Tahoua) est connue au Niger et ailleurs grâce à sa cimenterie. Depuis, 2011, dans le cadre de la reforme territoriale et administrative, ce poste administratif est devenu un département. Comme les autres jeunes départements, celui de Malbaza fait face à plusieurs défis que les autorités préfectorales tentent de relever. Au cours de cet entretien, le Préfet de Malbaza M. Marafa Tankari présente la situation de son entité administrative dans divers secteurs comme la sécurité des personnes et des biens, la campagne agricole et les impacts de la fermeture de la frontière nigériane.

Monsieur le Préfet, Malbaza fait partie des départements récemment créés. Parler nous de l’installation de l’administration préfectorale et des défis auxquels vous êtes confrontés ?

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de parler de notre jeune département, qui comme les autres, est créé par la loi 2011-22 du 8 Août 2011 qui a érigé tous les anciens postes administratifs en départements. Vous savez, certains de ces jeunes départements, ont hérité de quelques choses, notamment les infrastructures. Malbaza fait malheureusement partie de ceux qui n’ont pas hérité de grand-chose. Les locaux que nous occupons aujourd’hui regroupent l’administration préfectorale, les services recettes des impôts, la direction départementale du Plan, la Garde Nationale, le Commissariat de la police et la direction départementale de la poste. Nous sommes tous dans un même bâtiment ce n’est pas facile. Il y’a aussi les services techniques de l’Etat pour lesquels il a fallu louer des maisons et des villas où vous verrez plusieurs services dans un même local.

Au niveau de l’équipement et du personnel, il y’a aussi des difficultés. Mais, nous avons le minimum qu’il faut pour assurer le fonctionnement régulier des services de l’Etat. Parce que nous collaborons bien avec les services techniques de l’Etat. Nous avons aussi fait des propositions qui sont en examen pour la construction des bureaux pour les services techniques et pour la résidence du préfet et certains responsables parce qu’il y’à des espaces suffisants pour le faire. Ce que nous visons c’est de mettre les agents de l’Etat dans les conditions de travail.

Du point de vue administratif, le département couvre deux communes : la commune rurale de Malbaza et celle de Dogaraoua. Du point de vue coutumier le département compte un seul Canton celui de Dogaraoua et deux groupements. Un groupement peulh dont le chef réside à Konni, pace que la communauté peulh se trouve à plusieurs endroit et un groupement Touareg, qui se trouve à 6 km du Chef-lieu du département. Nous travaillons avec eux et la collaboration est parfaite.

Malbaza est aussi un département frontalier avec le Nigeria. Qu’en-est-il de la situation sécuritaire dans les zones frontalières de votre département ?

Nous avons un conseil départemental de sécurité présidé par le préfet et qui est composé de toutes les forces (la Gendarmerie Nationale, la Garde Nationale, la Police Nationale, le service de l’environnement et la Douane), les autorités coutumières, certains responsables des services techniques et la trésorerie départementale. Donc du point de vue sécurité c’est tout le monde qui participe. Mais nous avons en particulier la patrouille départementale qui est composée de deux corps, la Gendarmerie nationale et la Garde nationale. L’Etat a mis tous les moyens nécessaires pour la prise en charge totale de cette patrouille, mais aussi nous bénéficions des contributions des Mairies. Aujourd’hui, avec le retour prématuré des éleveurs, les actions de cette patrouille sont orientées vers la prise en charge de ce volet pour anticiper sur d’éventuels conflits et dissuader ces éleveurs pour les empêcher de franchir les zones non autorisées. Les missions de cette patrouille sont multiples et elle les accomplit très bien. Cependant, nous souhaitons un renforcement de la sécurité sur notre frontière avec le Nigéria, avec qui nous partageons environ 30 km de frontière. C’est cela notre défi aujourd’hui, parce que Madaoua et Konni ont des patrouilles frontalières, et c’est notre partie que les trafiquants utilisent le plus souvent pour leurs activités.

Comment se présente la situation  en période des récoltes quand on sait que Malbaza est aussi une zone pastorale avec souvent des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs ?

L’année dernière on a fait une expérience qui a très bien marché, avec les missions de sensibilisation que nous avions initiées en collaboration avec tous les chefs coutumiers. Nous avions mis une équipe sur la porte d’entrée des éleveurs qui a pour mission de les dissuader à ne pas revenir, d’attendre plutôt la date de libération des champs. Les éleveurs ont respecté les consignes l’année dernière. Mais cette année, ils ne les ont pas respectées. Ils sont revenus très nombreux et quand on a appris cela, nous avons dépêché la patrouille pour les stopper et les canaliser vers les couloirs de passage. Nous avions renforcé cette patrouille avec une mission de sensibilisation qui a permis de calmer un peu les éleveurs et tout se passe bien présentement.

Mais il y’a un autre problème celui des éleveurs qui viennent de très loin, qui suivent le goudron. Cette situation a suscité des inquiétudes. Mais les agriculteurs ont été sensibilisés et comme on ne peut pas faire retourner ces troupeaux, nous nous sommes entendus pour les guider vers les couloirs de passage pour les aider à continuer et quitter la zone. Les chefs des villages ont été informés à chaque fois qu’il voit de telles situations de saisir l’opportunité pour leur parler et les guider sur leur chemin. Nous avons déjà deux troupeaux qui sont passés sans problème. La campagne s’est relativement bien passée. Il n’y a pas eu beaucoup d’attaques de cultures chez nous. Nous ne sommes pas à la fin des récoltes pour avoir une situation exacte mais on peut dire que la campagne est satisfaisante.

Est-ce que la population de Malbaza a bénéficié des appuis de l’Etat, notamment les paysans pendant la période de soudure ?

Comme toutes les autres régions du pays, nos populations ont bénéficié du soutien de l’Etat. Au nombre de ces appuis, il y’a la vente de vivres à prix modérés, qui est devenue une tradition sur l’ensemble du territoire. Le département de Malbaza a bénéficié de 600 tonnes dont 300 tonnes à Dogaraoua et 300 tonnes à Malbaza. La campagne a très bien marché dans toutes les deux communes. Nous avons aussi reçu 230 tonnes de mil et 19 tonnes de niébé pour trois opérations de distributions gratuites ciblées. Il y’a eu aussi la distribution gratuite des semis et d’engrais.

Depuis environ trois mois le Nigéria a fermé toutes ses frontières, est-ce que cette situation a eu un impact sur la vie des populations de Malbaza et comment cela est-il ressenti ici ?

C’est indéniable. Sur le marché actuellement les tubercules et les fruits qui viennent du Nigéria sont rares aujourd’hui. La fermeture a eu beaucoup d’impact négatif pour le département de Malbaza. Premièrement c’est par rapport à notre usine de cimenterie,  la MCC qui importe son charbon du Nigéria. Donc avec cette fermeture on ne peut plus importer par le Nigéria. La deuxième source, c’est l’Afrique du Sud dont le charbon est déposé à Téma au Ghana. Ce qui pose un gros problème pour l’usine d’approvisionnement en charbon en temps record. Ensuite, cette fermeture a beaucoup profité aux fraudeurs et trafiquants. C’est pourquoi, nous souhaitons une patrouille sur les frontières avec le Nigéria pour barrer la route aux trafiquants.  Aussi au niveau de la Douane le manque à gagner est certain.

Avec ONEP (Siradji Sanda et Ali Maman)

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