M. Idi Ango Omar, président de l’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable (OEDD)
Monsieur le Président, l’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable est une jeune ONG dans le paysage des associations au Niger. Pouvez-vous nous présenter cette organisation ?
L’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable (OEDD), est une association de développement à caractère apolitique, non confessionnel, non discriminatoire, et à but non lucratif. Elle a pour but d’organiser la participation des populations et soutenir leur effort dans la mise en œuvre des politiques publiques relatives à la saine gestion des ressources naturelles, au renforcement de la résilience des populations face au changement climatique, à l’amélioration du cadre de vie en milieu urbain et rural et à la mise en valeur de l’environnement pour la lutte contre la pauvreté et le développement durable. Nous avons obtenu l’agrément d’exercer le 10 Juillet 2017.
Il y a beaucoup d’ONG qui œuvrent dans le domaine de l’environnement au Niger. Quelles sont les raisons fondamentales qui vous ont amené à créer l’OEDD ?
Nous avons souhaité mettre en place une organisation de la société civile qui pourra à travers ses capacités de réflexion mais aussi et surtout grâce à sa volonté d’actions, apporter des réponses concrètes aux défis qui interpellent notre pays. Nous disposons en effet de compétences de tous les niveaux dans divers domaines et un réseau de partenariat au niveau national et international. Ce qui importe le plus pour nous c’est de réaliser des actions concrètes qui protègent l’environnement, qui valorisent les ressources naturelles et qui aident les populations à tirer le meilleur profit de leur environnement, en termes de biens et de services, en termes de revenus que peuvent engendrer les produits ou sous-produits issus de leur milieu naturel.
Pouvez-vous nous préciser les liens entre environnement et développement ?
L’environnement est à la base du développement des nations. Les liens entre l’environnement et le développement se déclinent sous forme de la contribution de l’environnement au bien-être social ou à l’économie du pays. A titre d’exemple, des études démontrent que 23% de la mortalité en Afrique sont dues à des maladies liées à des facteurs environnementaux ; 36% de la richesse totale dans les pays à faible revenu proviennent de l’exploitation des ressources naturelles, 40% des conflits à l’intérieur des frontières au cours des 65 dernières années sont liées à des facteurs environnementaux.
Le 22 Avril dernier, le monde a fêté l’anniversaire de la journée de la terre. Quelle signification accorder à cet événement ?
La journée mondiale de la terre ou ”journée internationale de la terre nourricière” a été célébrée pour la première fois en 1970 aux USA mais c’est à partir de 1990 que les Nations Unies l’ont consacrée année internationale. C’est une journée qui marque l’engagement à œuvrer de concert pour créer les conditions de sauvegarde de la planète pour le bien être de l’humanité, génération après génération.
Au niveau planétaire on considère qu’en 1960, l’humanité consommait seulement la moitié des ressources générées par la bio capacité de la terre (capacité régénératrice de la terre, à produire des biens naturels et à absorber les déchets). En 1987 cette bio capacité a été dépassée. En 2050, si les tendances d’exploitation des ressources se maintiennent il nous faut deux (2) planètes pour répondre à nos besoins et survivre.
Quelle importance cet événement présente-t-il pour le Niger ?
Au Niger, en 1960 nous étions 3 millions d’habitants, nous sommes actuellement plus de 18 millions environ. En 2050 (dans un peu plus de 30 ans) nous serons 55 millions si les tendances démographiques se maintiennent (18 fois plus par rapport à l’année d’indépendance). Déjà de nombreux défis nous interpellent : nous nourrir, nous soigner, nous éduquer, nous loger. Mais les opportunités sont immenses dans notre pays qui recèle de potentialités énormes en termes de terres cultivables, d’eau, de biodiversité, d’ensoleillement.
Cette journée doit nous interpeller par rapport à la prise de conscience des redoutables défis environnementaux et de développement que nous avons et des opportunités qui s’offrent. Nous devons donc transformer les défis en opportunités, parce que nous ne devons pas vivre le présent dans la détresse et aborder l’avenir à reculons, nous devons agir, être proactif.
Quelles sont les perspectives d’actions de votre ONG au Niger ?
L’OEDD a développé un plan d’actions véritablement orienté vers le concret, prévoyant des interventions au bénéfice des populations et en soutien aux efforts des institutions publiques dans divers domaines de l’environnement et du développement durable. Nous détaillerons ces actions à l’occasion du lancement officiel des activités de l’OEDD qui aura lieu bientôt à Niamey. Comme je l’ai indiqué précédemment nous existons depuis seulement quelques mois et nous nous étions concentrés dans un premier temps à trouver un siège et à l’équiper, à préparer un plan d’actions pertinentes, à nous organiser et créer les fondations d’un partenariat à plusieurs niveaux. Maintenant, nous nous préparons à ce lancement officiel de notre organisation. Nous communiquerons sous peu la date et le programme. Pour terminer, je voudrais dire que les défis sont grands et les opportunités immenses. La façon dont, tous ensemble, gouvernement, populations, société civile nous allons répondre à ces défis et saisir les opportunités, va dans une large mesure, déterminer la trajectoire de développement des années et décennies à venir du Niger. Donnons-nous la main dans la concertation pour créer les conditions d’un bien-être social et économique pour tous, dans un environnement équilibré, sain et hautement productif.
Avec ONEP (Fatouma Idé)