Discours de Abdourahamane Oumarou Président Urgences Panafricanistes Niger lors du meeting du 14 septembre 2019 à Niamey.
Allocution du Président Urgences Panafricanistes- Niger Oumarou Abdourahamane
Niamey Place de la Concertation samedi 14 Septembre 2019
Chers Patriotes
Chers Panafricanistes
Vous imaginez l’honneur et l’émotion qui m’habitent au moment où je prends la parole en ces lieux, au nom de notre jeune association « Urgences Panafricanistes Niger » pour vous souhaiter à tous la bienvenue à ce meeting historique dont l’objectif est dire « Stop au néo-colonialisme de la France en Afrique ».
Mes remerciements vont plus particulièrement au Comité Directeur de l’Union des Scolaires Nigériens et au Comité Exécutif de l’Union des Etudiants Nigériens à L’Université de Niamey (UENUN) pour leur implication dans la mobilisation de ce jour,
Avant de continuer mon propos, je voudrais vous inviter à vous lever tous pour que nous exécutions à l’unisson l’hymne nationale de notre pays !
Camarades,
Ce matin, je voudrais vous inviter à honorer la mémoire de deux dignes fils de notre si beau pays : Le Président Djibo Bakary et l’Etudiant Bagalé.
Le Premier Djibo Bakary
Né en 1922 à Soudouré à 12 km de la capitale du Niger, fut d’abord un fervent militant apolitique pour la suppression des peines de l’indigénat et du travail forcé aux côtés d’Houphouët Boigny…
En 1950, il était aux cotés de Modibo Keita pour maintenir une pression populaire anticolonialiste en organisant des meetings, des grèves de travailleurs et des boycotts de produits de consommations.
En 1958, Djibo Bakary, opta pour une indépendance immédiate aux côtés de Ahmed Sekou Touré.
Suite à ce vote en faveur du Oui, Djibo Bakary, traqué de toute part, s’exila chez son ami N’Nkrumah au Ghana galvanisé par le rassemblement qu’il avait su susciter autour de ce scrutin et de ses idées.
C’est en 1998 que Djibo Bakary, héros de la décolonisation africaine s’est éteint.
Le Second Malah Bagalé Kelloumi, Etudiant en licence Es-Lettres option Sociologie, premier coordonnateur d’Urgences Panafricanistes-Niger arraché à l’affection de sa famille, de ses amis et camarades de lutte, le 10 avril 2017 au cours d’une manifestation pacifique organisée par l’Union des Scolaires Nigériens USN,
Mallah Bagalé a été assassiné parce qu’il a osé dire non à l’abandon du secteur éducatif par un gouvernement fantoche, parce qu’il a osé revendiquer l’amélioration de conditions d’études et de vie.
En mémoire de ces deux illustres disparus, je vous prie d’observer une minute de silence
Camarades Patriotes et panafricains
La vie de ces deux compatriotes, aux destins certes séparés par plusieurs décennies mais pourtant croisés, résume à elles seules, le combat que l’association Urgences Panafricanistes a décidé de mener en ce jour, 14 septembre 2019 à travers toute l’Afrique et au niveau de la diaspora.
De Bamako à Dakar en passant par Lomé, Abidjan, N’Djamena, Cotonou, la Jeunesse Panafricaniste est aujourd’hui debout, dressé comme un seul homme pour dire « Stop à la FrançAfrique » et en En Avant pour l’émancipation des peuples africains du joug du néo colonialisme
Nous disons d’une même voix, Stop à La FrançAfrique
Cette politique hideuse mise en place au lendemain de l’accession des Etats d’Afrique francophone à des simulacres d’indépendances et dont le but est de maintenir nos Etats dans le giron de la France à travers :
Une politique africaine occulte, totalement anti-démocratique, qui est à la discrétion de la Présidence française, à travers notamment, la cellule africaine de l’Elysée,
Des liens financiers occultes entre certains Etats africains et des partis politiques français, sur base de corruption de responsables politiques français, et d’acquisition mafieuse par des responsables africains de “biens mal acquis”…
Des relations économiques, financières, bancaires permettant aux entreprises et multinationales françaises et à l’Etat français d’exploiter et de piller les richesses agricoles et minières de nos pays. //*
Une ingérence, notamment militaire, dans les affaires intérieures de nos pays (défense ou renversement d’un gouvernement, lâches assassinats des leaders africains, parmi lesquels: Sylvanius Olympio, Thomas Sankara et plus récemment encore Mouhamar El Kadhafi). Cette ingérence est rendue possible par l’armée française qui n’a en réalité, jamais quitté l’Afrique.
A ce jour, cette armée reste présente à Djibouti (2 000 hommes), en Côte d’Ivoire (450 hommes), au Gabon (900 hommes), au Sénégal (300 hommes), et bien sûr au Mali et au Niger (Barkhane) où elles sont des milliers pour soi-disant “pacifier” nos pays face aux menaces djihadistes… alors qu’en réalité, ces militaires ne sont sur notre sol que pour sauvegarder des intérêts économiques et géopolitiques de la France.
Imaginez un peu Camarades, le paradoxe que constitue la présence de ces bases étrangères dans nos pays.
D’une part, rien ne se passe dans nos pays et qui échappe à leur réseau d’écoute et d’espionnage, mis en place le plus souvent avec la malheureuse complicité d’agents locaux, recrutés dans toutes les sphères : armée, police, journalistes et malheureusement au niveau même de la société civile ;
D’autre part, aucune autorité de nos pays, ne sait et ne peut savoir ce qui se passe dans les bases militaires étrangères présentes sur notre sol, ni sur leurs nombreux avions qui décollent et atterrissent sans qu’on ne sache ce qu’ils transportent.
Pire, notre pays tout comme le Mali, le Burkina Faso, n’ont jamais payé un aussi lourd tribut autant qu’après l’installation de ces armées étrangères dans nos pays respectifs.
C’est pourquoi nous nous interrogeons sur la pertinence de cette présence militaire sur notre territoire.
Du reste, nous sommes convaincus que nos FDS ont les compétences et les capacités pour assurer par nous-mêmes la sécurité de nos frontières et de nos populations, à la seule condition que les dirigeants actuels leur en donnent effectivement les moyens.
C’est pourquoi, du haut de cette tribune, l’Association Urgences Panafricanistes Niger exige le départ immédiat de l’ensemble des bases militaires étrangères présentes au Niger et dans le reste de l’Afrique.
Que cette demande soit perçue comme un dernier avertissement car les jeunes nigériens que nous sommes, ne sont ni moins courageux ni moins audacieux que leurs homologues du Mali qui ont bloqué il y’a de cela quelques jours, l’accès de la base opérationnelle de la force Barkhane dans leur pays
Camarades Patriotes et panafricains !
A cotés de ses forces armées, la France dispose d’un autre moyen d’asservissement moins visible celui là mais beaucoup plus nuisible : Le Franc CFA.
Dès le début des indépendances, le colon français nous a en effet imposé une monnaie arrimée d’abord au franc français puis à l’Euro, sans flexibilité aucune, compromettant de facto les efforts de développement économique et social de nos jeunes Etats
Aujourd’hui cette monnaie est la seule monnaie coloniale encore en circulation avec un inacceptable système basé sur le principe du tristement célèbre « compte d’opérations », dans lequel la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la Banque centrale du Congo (BCC) doivent déposer la part obligatoire de leurs réserves de changes (50 %), contrepartie d’une garantie de convertibilité », une garantie dont le président malien Modibo Keita estimait, à juste titre, dans un discours du 30 juin 1962, qu’elle était « illusoire, plus psychologique que réelle », et que la « France ne garantit le franc CFA que parce qu’elle sait que cette garantie ne jouera pas effectivement ».
Ces dernières années, de plus en plus de voix s’élèvent dans la rue, sur les réseaux sociaux, dans les milieux intellectuels ou artistiques, qui demandent la « fin du CFA ».
La mobilisation anti-franc CFA est en effet un des développements les plus positifs en Afrique ces dernières années. Mais il y a tout lieu de penser qu’elle est loin de son niveau optimal.
La révolte, brillante dans son expression, est aujourd’hui portée par les chefs d’État des pays membres de la CEDEAO dont je salue ici le courage pour avoir pris la décision de création d’une monnaie commune ouest africaine ECO, synonyme de la mort prochaine du FRANC CFA.
Camarade, cette avancée quoique majeure dans le combat initié par l’ONG Urgences Panafricanistes du Combattant Kemi SEba, ne doit pas nous pousser à baisser la garde.
En effet, les dernières déclarations d’Emmanuel Macron, du Président Ouattara et de Macky Sall sur le rapport de la future monnaie ECO et la France laisse entrevoir une volonté maléfique de procéder à un simple élargissement du Franc CFA à d’autres pays non francophones en lieu et place d’une véritable libération monétaire.
Ce comportement de ces sous-préfets français, est pour nous non pas seulement un mépris pour le peuple africain, mais une véritable déclaration de guerre à sa jeunesse.
L’Association « Urgences panafricanistes-Niger » rejette avec la dernière énergie toute monnaie dont l’objectif n’est pas de libérer l’Afrique francophone du joug néocolonialiste de la France
Camarades Panafricanistes,
Avant de terminer mon propos, Permettez-moi de condamner vigoureusement les violences à caractère xénophobe de ces dernières semaines en Afrique du Sud et au Nigéria
L’Association Urgences Panafricanistes-Niger salue enfin la volonté des Chefs d’Etats Africains de créer un espace de libre échange économique et monétaire sur le continent
Vive l’Afrique Libre
Abas la Françafrique
Abas le néocolonialisme
La Patrie ou la Mort, nous vaincrons
merci bien pour la lutte aux nom de toute les citoyennes africaines
Merci bien par le combat vive l’Afrique
Une dynamique soutenable vraiment on est fatigué de cette colonisation inlassable