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Ceinture verte de Niamey : sauver ce qu’il en reste !

La ceinture verte de Niamey est une initiative de l’Etat du Niger. Le projet de construction de cette ceinture verte a été entrepris par les autorités d’alors pour non seulement préserver l’environnement, mais aussi prémunir la ville de Niamey de différentes intempéries liées au changement climatique. Cet espace vert qui était il y a quelques décennies beau à contempler, n’existe aujourd’hui que de nom. L’action humaine a malheureusement dévasté en si peu de temps cet environnement agréable à voir. En effet, la menace qui pèse sur cette ceinture verte de Niamey est perceptible.

Au départ, cette bande verte péri-urbaine avait une longueur d’environ 25 Km et une largeur d’un 1 Km. Mais aujourd’hui, bien que nous ne connaissions pas sa superficie actuelle, force est de constater qu’elle est réduite incontestablement en raison des lotissements et morcellements répétés dans son emprise.
Dès le lendemain de l’indépendance, les autorités du Niger avaient entrepris de promouvoir les boisements urbains afin de protéger la capitale contre les intempéries, par la création d’une bande verte péri urbaine large de 1 km et longue d’environ 25 km. Pour le Colonel Boureima Idrissa, responsable de la gestion de la ceinture verte de Niamey, l’idée de création de cette bande donna naissance à l’ambitieux projet de constitution de la Ceinture Verte de Niamey (CVN), dont les premières plantations ont démarré en 1965. Cet effort se poursuivra jusqu’en 1995, grâce aux efforts d’investissement de l’Etat et de ses partenaires techniques et financiers, en l’occurrence l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) ; le Programme des Nations Unies pour le Développement à travers le Bureau des Nations Unies pour la zone soudano-sahélienne (PNUD/UNSO) ; la Banque Mondiale à travers l’Agence Internationale pour le Développement (IDA).

Le résultat, découlant d’un investissement estimé à plus de trois milliards de FCFA, est la constitution d’un espace artificiellement boisé de 2331,35 hectares.
La ceinture verte de Niamey est un espace relevant du domaine forestier de l’Etat conformément à la loi. Pour cela, la gestion de cet espace vert relève des attributions du ministère en charge de l’Environnement. Mais dans la pratique, il existe plusieurs acteurs intervenant dans la gestion de l’espace urbain. A titre illustratif, une des premières difficultés qu’a connue la ceinture verte, c’est sa non prise en compte par le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de la ville de Niamey (SDAU) de 1984, qui ne l’a pas intégré comme telle dans le plan d’ensemble, a fait remarquer le responsable de la gestion de la ceinture verte de Niamey, le Colonel Boureima Idrissa. De même, le Plan Urbain de Référence (PUR) de 2009 n’a pas tiré les leçons de la mise en œuvre du SDAU et a considéré la ceinture verte de Niamey comme une simple réserve foncière à lotir par tous les moyens, oubliant l’inaliénabilité de ce boisement et cela en dépit des avis contraires du ministère en charge de l’Environnement.

Les objectifs essentiels de la ceinture verte de Niamey sont entre autres : la protection de la ville de Niamey contre les intempéries ; l’amélioration de la qualité de l’environnement ; l’amélioration du cadre de vie des populations ; la sensibilisation et l’éducation des populations sur les problèmes environnementaux; la création d’un cadre naturel d’agrément, de détente et de loisirs pour la jeunesse ; la contribution à la satisfaction des besoins des populations en bois de feu et de service ; et la création d’un cadre adéquat pour la recherche scientifique et technique.
Malheureusement, précise le colonel Boureima Idrissa, la ceinture verte est confrontée depuis quelques années à des occupations et menaces diverses dont les principales sont : la production foncière à des fins d’habitation ; le développement des constructions spontanées ; la coupe frauduleuse de bois vert ; le déversement des ordures ménagères et des eaux usées des ménages ; les lotissements opérés dans la CVN ; l’insécurité pour les riverains de la ceinture verte de Niamey et ceux qui empruntent les pistes de desserte vers les quartiers, etc. Cette bande verte est la plus grande plantation artificielle urbaine et périurbaine au Niger.

La préservation de ce domaine est une préoccupation pour le ministère. Pour preuve, l’Etat à travers le ministère en charge de l’Environnement a pris plusieurs initiatives en vue de préserver la ceinture verte de toutes les formes de menaces. Ces initiatives sont entre autres : l’adoption du décret du 9 juillet 2004 portant protection des espaces verts et des ceintures vertes ; la tenue du forum sur la gestion durable de la Ceinture Verte de Niamey du 15 au 17 décembre 2008 ; le recensement des propriétaires coutumiers en 2011 et 2012; la réhabilitation des parties dégradées à travers des opérations de plantation d’arbres lors de l’organisation de cérémonies officielles de la Fête de l’Arbre (2010, 2011, 2012, 2013) ; la mise en place d’un comité interministériel, chargé de suivre et de mettre en œuvre les recommandations du forum national sur la gestion durable de la ceinture verte de Niamey suivant l’arrêté du 30 juillet 2009 ; la conduite de missions de patrouille et de surveillance dans la ceinture verte de Niamey.
Dans cette même optique, il y a la diffusion des communiqués radio pour informer et sensibiliser les populations sur l’importance de la préservation de la ceinture verte pour les populations et l’environnement local de la ville ; l’envoi des lettres de notification individuelle en vue d’arrêter les travaux de mise en valeur ; l’adoption du décret du 4 août 2011 déclarant d’utilité publique et désignant à l’expropriation les terres se trouvant dans l’emprise de la Ceinture Verte de Niamey ; le recensement en 2012 des champs et leurs propriétaires; le géo-référencement des infrastructures dans l’emprise de la ceinture verte ; l’élaboration d’un plan d’Aménagement de la ceinture verte de Niamey ; la création auprès du Gouvernorat de la Région de Niamey, par Arrêté du 11 octobre 2011, de la Commission ad hoc chargée du règlement à l’amiable des montants des indemnités à verser aux expropriés conformément aux textes de la République (la Loi N°61-30 du 19 juillet 1961, fixant la procédure de confirmation et d’expropriation des droits fonciers coutumiers dans la République du Niger et la loi du 24 novembre 1961, réglementant l’expropriation pour cause d’utilité publique et l’occupation temporaire, modifiée et complétée par la loi du 10 juillet 2008) ; l’installation de clôture en grillage sur certaines parties du périmètre de la Ceinture Verte de Niamey ; la suspension des lotissements des privés le 31 juillet 2014.
Néanmoins, toutes ces mesures n’ont malheureusement pas stoppé les convoitises sur les terres de la Ceinture Verte de Niamey. Les pressions se sont accrues de toutes parts (y compris de la part de l’Administration et de ses démembrements), avec la naissance des lobbies, composés des détenteurs coutumiers, des lotisseurs privés et d’autres acteurs. Ces pressions sont nombreuses et complexes avec des interférences à tous les niveaux, annihilant tous les efforts de préservation de ce boisement.
Conformément à la loi du 8 juin 2004 portant Régime Forestier au Niger et le décret du 9 juillet 2004 portant Protection des Espaces Verts et des Ceintures Vertes, toute occupation de la Ceinture Verte qui ne fait pas l’objet de déclassement reste et demeure illégale. Pour véritablement comprendre en quelle année les morcellements et les occupations dans l’emprise de la ceinture verte ont commencé, le Colonel Boureima Idrissa cite quelques opérations effectuées dans le domaine de cet espace vert : le camp de la gendarmerie (route Ouallam) en 1990 avec 22 ha ; la cité des députés en 2000 (ville de Niamey) 99 ha ; la zone tampon en 2003 (ville de Niamey) avec 46 ha ; Parcelle contre arriérés de salaires 2004-2005 avec 300 ha. En dépit de ces actes qui ne sont guère reluisants, l’Etat du Niger reste déterminé pour restaurer cette ceinture verte.

Le visage actuel de la ceinture verte
Sur le terrain, le constat n’est guère reluisant. Plusieurs arbres ont été sauvagement abattus à tort ou à raison. La bande verte périurbaine a été quasiment détruite par l’action humaine. A notre passage le vendredi 28 juillet 2017, l’essentiel des emprises de la ceinture verte a été loti et morcelé. Elle présente aujourd’hui un visage défiguré. Les immeubles poussent comme des champions ; des constructions anarchiques ; des objets usés ; déchets solides et eaux stagnantes ; des stations d’essence ; des boutiques construites en matériaux définitifs ; des garages automobile ; des villas et des écoles sont construits à coup des millions : telle est la description actuelle de la ceinture verte de Niamey.
Plusieurs quartiers de la ville de Niamey sont actuellement dans l’espace qui est censé être intouchable car relevant de l’emprise de la ceinture verte de Niamey. Selon un habitant du quartier Kalley plateau I sous couvert d’anonymat, l’émiettement de l’espace périurbain de Niamey est une responsabilité partagée entre l’Etat, les différentes mairies et les populations.

Hassane Daouda (onep)

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