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Réponse de la société civile nigérienne suite à la déclaration des partis de la majorité MRN

DECLARATION DU COLLECTIF DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE

Suite à la déclaration des partis politiques membres de la majorité présidentielle, qui a été largement relayée par l’ensemble des médias, le collectif des organisations de la société civile a jugé utile de réagir aux allégations contenues dans cette déclaration, révélatrice du climat de désarroi ayant cours dans les milieux du pouvoir en place.
En dépit de son caractère particulièrement outrancier et insultant, la déclaration des partis membres de la majorité présidentielle est venue apporter à tous la preuve que les manifestations populaires répétitives, organisées par le Collectif des organisations de la société civile, dérangent au plus haut point les autorités en place qui, il n’y a pas longtemps encore, faisaient montre d’une arrogance et d’une suffisance à toute épreuve.
A la faveur de cette déclaration, nous savons aujourd’hui que les princes qui nous dirigent, malgré les apparences qu’ils affichent, vivent dans la hantise de voir le peuple se mettre débout contre les mesures antisociales contenues dans leur loi de finances 2018, et pour la défense de la souveraineté de notre pays et des droits civils et politiques, économiques, sociaux et culturels, constamment bafoués.
Forts de ce constat, convaincus de la justesse de notre lutte et plus que jamais résolus à la poursuivre, conformément aux dispositions de notre Constitution qui nous en donne le plein droit, nous, organisations de la société civile nigérienne :
-Comprenons parfaitement le désarroi des responsables des partis politiques membres de la majorité présidentielle qui, voyant la mobilisation populaire contre les mesures antisociales contenues dans la loi de finances 2018 prendre de l’ampleur, cherchent désespérément le moyen de la faire retomber, sans rien céder sur les revendications légitimes qui la sous-tendent;
-Constatons avec beaucoup de regret qu’après un quart de siècle d’expérience démocratique, entrecoupée d’épisodes parfois tristes et sanglants, certains responsables politiques feignent de ne pas comprendre que les organisations de la société civile ont, partout dans le monde, non seulement le droit, mais aussi le devoir d’appeler à des actions citoyennes contre toute politique gouvernementale tendant à aliéner la souveraineté du pays et à mettre en péril les droits consacrés par la constitution;
-Déplorons l’hypocrisie et l’amnésie des responsables des partis politiques membres de la majorité présidentielle qui semblent oublier que les organisations de la société civile, si elles le jugent nécessaire, ont le droit de former ouvertement une coalition avec des partis politiques autour d’objectifs communs, comme certaines ont eu à le faire dans un passé récent avec les mêmes partis politiques qui, aujourd’hui, font preuve d’amnésie et servent à l’opinion ce que jadis leurs adversaires servaient en guise d’arguments;
-Constatons que les délices du pouvoir ont fait oublier aux responsables des partis membres de la majorité que les acteurs de la société civile ont toujours considéré les responsables et militants de l’opposition comme des citoyens nigériens à part entière, ayant le droit d’organiser leurs propres manifestations, de participer à celles organisées par la société civile, bref de s’opposer à un gouvernement qui mène une politique contraire à leurs aspirations;
-Exprimons notre profonde indignation de voir des responsables de partis politiques servir à l’opinion nationale et internationale des mensonges aussi grossiers et éhontés que ceux tendant à faire croire que le Niger est le seul pays de l’UEMOA à faire recours à la TATTIE et que la suppression de cette taxe va induire un élargissement de la couverture téléphonique et un accroissement des recettes fiscales de l’État;
-Rappelons à tous ceux qui l’ignorent que la taxe sur les appels téléphoniques internationaux entrants (TATIE) est une taxe que la plupart des pays de la région prélèvent, et que sa suppression au Niger est intervenue à la suite des manœuvres et des négociations de couloir menées par le Directeur général de Orange, société française à laquelle les autorités en place ne peuvent rien refuser pour des raisons évidentes;
-Prions Allah de nous préserver de toute déchéance morale qui nous conduirait à envier ceux qui, oubliant parfois leurs serments coraniques, n’ont jamais hésité à trahir et travestir les aspirations du peuple et à livrer le pays aux compagnies et aux forces étrangères, et qui veulent aujourd’hui nous convaincre que les contrats miniers léonins qu’ils ont signés les yeux ouverts, les avantages fiscaux qu’ils ont accordés à leurs amis, sont autant de gestes désintéressés qui ne leur ont procuré aucune somme d’argent;
-Exhortons les responsables des partis politiques membres de la majorité présidentielle à se ressaisir, à faire montre d’un peu de dignité et à encourager leur chef suprême à traiter de façon responsable les revendications légitimes des citoyens et des organisations de la société civile, au lieu de continuer à distiller des discours mensongers et d’agiter l’épouvantail du complot, dans le sombre dessein de dresser des Nigériens contre d’autres Nigériens, sur la base des considérations partisanes;
-Déplorons l’aplatissement des responsables des partis politiques membres de la majorité présidentielle devant une petite clique d’affairistes, qui s’est arrogée tous les pouvoirs, et son incapacité à comprendre que l’appartenance partisane n’oblige pas leurs propres militants à les suivre aveuglement et à accepter une politique gouvernementale aux antipodes de leurs propres convictions et de leurs intérêts concrets, contrairement à ce que l’on observe sous d’autres cieux où les responsables et militants de la majorité censurent et sanctionnent eux-mêmes leurs propres camarades pour mauvaise conduite;
-Invitons l’ensemble des citoyens et des citoyennes, quelles que soient leurs opinions et appartenances politiques, à ne pas se laisser divertir et à prendre part massivement à la prochaine journée d’actions citoyennes du 25 février 2018 pour montrer aux responsables des partis politiques membres de la majorité présidentielle que les Nigériens et les Nigériennes ne sont pas leurs obligés, qu’ils sont un peuple mur et conscient de ses intérêts et qu’aucun discours divisionniste ne les dévierait de la noble lutte qu’ils mènent pour le respect de leurs droits et la préservation de leur dignité.
Enfin, nous prenons acte de la volonté affichée des responsables des partis politiques membres de la majorité présidentielle d’encourager le gouvernement à ignorer les revendications de la société civile, et les rassurons de notre détermination à poursuivre, vaille que vaille, notre lutte contre la loi de finances 2018, la défense des droits humains, des valeurs et principes de la démocratie et de la souveraineté de notre pays.

Fait à Niamey le 15 février 2018

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