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Course hippique à Magaria au Niger : une passion populaire autour du cheval

Guétché, un village distant de 17 km de Magaria ressemble, en cette soirée du 12 novembre 2018, à une tribune à ciel ouvert. Des centaines de villageois, femmes, enfants et même des vieillards ont pris d’assaut les abords du village. Personne ne veut rater le spectacle. Des clameurs d’encouragement et de satisfaction s’élèvent de ce hameau de 2000 âmes. En retrait un homme observe la scène avec une avidité à peine contenue. C’est Alhadj Tsahirou Maman plus connu, dans la ville de Magaria, sous le sobriquet de Alhadj Dodo. Sa présence ce soir à Guétché en dit long sur la passion des courses équestres chez les populations de Magaria.


Sur piste à Guétché ce soir-là, les meilleurs étalons de Magaria, Malaoua, Doungass et des villes du Nigeria voisin sont venus se jauger en avant première, car la vraie compétition aura lieu le lendemain. Mais ce simple échauffement des chevaux de course à Guétché a réuni un monde fou qui se multipliera par dix le lendemain quand les vrais bagarreurs seront là. Plus qu’une passion, la course des chevaux est une religion dans le département de Magaria qui possède une trentaine d’hippodromes et des dizaines de licenciés.
Ici le simple fait de posséder le meilleur cheval de course fait de vous un homme socialement posé. C’est mieux que d’avoir un puits d’exploitation aurifère à Komabangou. Alhadj Dodo, qui ne s’est jamais défait de son enthousiasme durant toute l’interview, nous explique qu’il y a des étalons dont les propriétaires ne se sépareront pas même à 5 millions de FCFA cash. « Le député Chapiou Maman a vendu un cheval à 6 millions de FCFA à des gens du Nigeria.

Il a un autre qu’il ne cèdera certainement pas à ce prix ». Magaria, nous dit-il, élève les meilleurs chevaux de course et beaucoup ont gagné les grands prix des compétitions équestres de Niamey, de Zinder, de Maradi, de Matameye et au Nigeria voisin à Daoura, à Maigatari, à Congolom. Les palefreniers n’ont peur que d’une seule chose : les chevaux de Magaria. « Nous avons également les meilleurs jockeys, vous journalistes, vous les avez vus à l’oeuvre non ? » nous prend à témoins ce grossiste en céréales et producteur de semences de profession devenu, par passion, président de la ligue équestre de Magaria.
Une occupation qui lui prend un temps fou. Chaque semaine, sur des marchés ruraux, à l’occasion des baptêmes et mariages et plus régulièrement dans des localités comme Bandé, Baka-Doubou, Wouzouwouzou, Oungoual-gamji Drimi, etc, des courses équestres rythment la vie sociale. Les hippodromes sont des endroits vivants, de brassage et de fraternité entre toutes les catégories sociales. La ligue équestre de Magaria est affiliée à la Fédération nigérienne des sports équestres. Mais l’inquiétude de Alhadji Dodo demeure, dit-il, la triche et le manque de loyauté, qui sont en train de menacer la passion hippique populaire telle qu’elle est vécue par les Nigériens. « Il s’agit de la propension à introduire dans nos compétitions des chevaux qui ne sont pas de race sahélienne  »Arewa » qui est notre cheval autochtone.

Des gens fortunés n’hésitent pas à importer des coursiers de race argentine, des étalons purs sangs ou des chevaux de race Tchad ou Soudan. Cette pratique est déloyale mais elle menace aussi la profession d’éleveurs et dresseurs de chevaux locaux » dit-il. Alhadj Dodo dit se battre au sein de sa ligue comme au niveau de la Fédération contre cette pratique. Un cheval de course c’est à la fois des critères morphologiques, des appartenances géographiques.

Selon le climat, la race, l’alimentation et les techniques d’élevage et de dressage les chevaux de course n’ont pas la même aptitude. Aussi selon Alhadj Dodo « Nous connaissons les chevaux qui courent sur tous les hippodromes de Magaria. Vous ne pouvez pas faire courir un cheval que nous ne connaissons pas. C’est la règlementation. Des gens du Nigeria voisin nous viennent avec des chevaux qui ne sont pas  »homologués autochtones ». Par politesse nous leur réservons une course dite de catégorie entre eux, mais ils ne sont pas autorisés à courir avec nos chevaux autochtones. Le public ne nous le pardonnera pas ».

Avec ONEP (Mahaman Bako)

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